mercredi 26 septembre 2012

Ne prenez rien au pied de l'Etre


Quand il est dit, par exemple, que "la conscience n'est pas localisée", que  "votre corps est l'univers", ou que "vous n'êtes pas l'agissant", cela ne fait pas forcément tilt tout de suite. Quoi qu'il en soit, ne prenez rien au pied... de l'Etre.

Toute parole de sagesse peut à un moment ou un autre sembler obscure, paradoxale ou trop abstraite. Et même si toutes sont rigoureusement exactes, si certaines vérités ne vous parlent pas et ne trouvent dans l'immédiat aucun écho en vous, prenez-en simplement note... et oubliez !

Quand un élève d'Arnaud Desjardins, auquel ce dernier venait de prendre la peine de fournir une réponse extrêmement développée et détaillée au problème qui le préoccupait, lui demanda : "Et... et qu'est-ce que je fais maintenant ?", Daniel Morin répondit aussitôt : "Maintenant ? Tu tires la chasse !"

Toute vérité ne fait que pointer vers le Réel, vers ce que vous êtes déjà, de la même façon que "la Beauté est la splendeur du Vrai", comme disait l'ami Platon.

Il n'y a que dans l'ouverture à ce qui est, par la reconnaissance que rien ne nous est étranger, que vous ressentirez profondément la raison de telles assertions et leur réalité, leur évidence même.

Une évidence qui n'a rien d'une croyance et ne peut être ni pensée ni atteinte, puisqu'elle est en deçà des superpositions du mental, et que vous y êtes déjà.

Il s'agit simplement de ressentir que tout ce qui apparaît, y compris toutes les productions de l'ego, - le vôtre et celui des autres, qui ne sont pas moins vous... -, est déjà accueilli dans cette ouverture que vous êtes en vérité.

Accueilli, vu, aimé et consumé dans le même mouvement, exhalé dans un seul geste d'amour comme une miraculeuse bouffée de fumée.

Tout est vagues et volutes, et vous êtes cette présence intemporelle, cet œil unique qui prend infiniment conscience de cela, en est librement et désespérément amoureux et jouit sans entrave de cet amour inconditionnel pour son exhalaison, son tour de passe-passe d'une beauté sans bornes, contenant simultanément, ici et maintenant, les infinies potentialités de beauté et d'incandescente liberté.

Le trésor sur lequel vous êtes assis est véritablement le trésor absolu, et vos rêves les plus fous ne seront jamais que paille en regard de votre trésor, de votre Royaume !

"Be happy !" Vous n'êtes pas un moi séparé, vous êtes la Vie, et la Vie sait parfaitement ce qu'elle fait... alors, "who cares" ?

Vous êtes la Vie, vous êtes sublime, vous êtes absolue Beauté.
Vous êtes la Vie, vous êtes libre, vous êtes toute Liberté.

L'état de nature n'est pas à retrouver, il s'agit simplement d'en prendre conscience.

L'Eveil n'est pas un état à obtenir, caché quelque part.
L'Eveil est le Royaume et le Royaume est tout ce qui est.
L'Eveil est la prise de conscience qu'il n'y a jamais eu qu'Eveil.

L'Eveil, c'est la Vie sans "vous", c'est la Vie sans "moi".

C'est la Vie sans ce déguisement magnifique et trompeur, ce travestissement sublime et dérisoire de l'ego, de l'Etre infiniment libre, apparemment englué dans le nom et la forme, et cette auto-hypnose de la séparation.

C'est la Vie, libérée de cette réduction à un corps, un visage, un nom, qui ne sont que le centre temporaire de ce que vous êtes, provisoire tour d'observation et d'expression au coeur de votre liberté.

A jamais insoumise au temps, à l'espace ou la causalité, bulles de rêve, bulles de conscience amoureuse que vous soufflez sans cesse avec la même joie enfantine... juste derrière le masque de la petite personne.

Alors, tout s'éclaire. La parole, la sentence, l'aphorisme autrefois obscur est soudain limpide, transparent, pur reflet de ce qui est, de la splendeur du réel, en deçà de tout préjugé, de toute croyance, de toute théorie, de toute histoire...

"Et maintenant ? Tu tires la chasse !" ;-)



mercredi 19 septembre 2012

La Grande Fable de l'Ineffable





Sur le terrain spirituel, les coups de gueule des enseignants, passeurs et autres amis spirituels sont parfois salutaires. A choisir, je les préfère tournés vers les limites de la voie que l'on dispense soi-même.

Toutes les voix et voies authentiques peuvent bien chanter d'apparentes vérités contradictoires ; elles pointent toujours vers le même Silence. Quand le sage montre la lune, on a pourtant souvent tendance à trop regarder le doigt... Et à le trouver trop court, trop long, trop clair ou trop sombre, trop ceci ou cela... quand il ne fait que pointer !

Que certains ressentent ou non ce Silence ou cette Lumière comme une "Joie sans objet" (Jean Klein), une "Paix toujours présente" (Desjardins), le Vide du Tao ou du Chan, le Nirvana bouddhiste ou l'Etre Conscience Béatitude du Vedanta... il ne s'agit toujours que de points de vue fragmentaires et personnels, de fables pointant vers l'ineffable impersonnel.

Et tous ces points de vue participent à cette grande fable de l'ineffable écrite à une seule voix, en dépit des apparences et malgré cette incandescente pluralité.


S'attarder sur les mérites ou limites de telle ou telle forme pointant vers le sans-forme, de telle ou telle vague pointant vers l'océan me semble assez vain et dérisoire.

C'est un peu comme si en musique on nous demandait de choisir entre Mozart et les Beatles, Bach ou Daft Punk. Moi je prends tout. On n'est pas obligé de choisir et l'ouverture sur d'autres fables est toujours un signe d'ouverture sur l'Ineffable.

On n'est pas obligé de choisir entre voie progressive et voie directe.

On n'est même pas obligé de choisir entre ego et Eveil. ;)

On a fatalement ses préférences, mais on n'est certainement pas obligé de choisir...

...entre les partisans actuels de l'approche directe la plus radicale, tels Tony Parsons, Karl Renz ou Jeff Foster, qui insistent tellement, et de façon si convaincante, sur le fait que toute situation est déjà accueillie, juste sous le plancher du moi psychologique...

...et une voie zen, ou l'adhyatma yoga façon Prajnanpad / Desjardins ou l'advaïta sauce Klein / Lucille, ou encore Douglas Harding (à relire peut-être : Les religions du monde, Ed. Accarias, fabuleux opus réconciliateur !), qui ont aussi insisté sur la purification nécessaire du mental afin de pouvoir VIVRE cela dans l'ouverture que nous sommes, et non plus l'appréhender intellectuellement comme une connaissance de seconde main.

Bien que tout coup de gueule ait sa place (comme tout a sa place !), pourquoi continuer à se fixer / figer encore sur ce qui sépare telle ou telle sagesse ? Il y a tant à jouir et se réjouir de ce qui les réunit !

Chaque voie, chaque voix qui chante l'Eveil est une fable pointant vers l'Ineffable.

Aucune n'est réelle, toutes pointent vers le Réel.
Aucune n'est vraie, toutes pointent vers la Vérité.
Aucune n'est aimable, toutes pointent vers l'Amour qui seul Est.

"Beaucoup de salut hors d'Hauteville" nous rappelait souvent, à Hauteville, Arnaud Desjardins, qui visait avant toute autre priorité le dialogue entre toutes les voies, laïques ou religieuses, dans la quiétude qu'apporte la véritable compréhension mutuelle, au-delà des apparents clivages de surface.

Et de cette compréhension naît naturellement l'amour.

A quoi d'autre peut bien servir l'exercice de la sagesse ?

Comme l'écrivait un ami cher, le poète Rodolphe Bléger, "la paix du monde est une fable, la paix du monde est une fable, la paix du monde est une fable... la Paix du Monde est ineffable."

lundi 17 septembre 2012

Toutes vagues passantes


Tout est vagues, et toutes vagues passantes.

Parfois, en tant que vague, nous restons fascinés par le spectacle d'une autre vague ; par sa lumière, ses couleurs, son mouvement, par tout ce qui se fait en elle l'écho sublime du grand océan.

Parfois, une vague se reconnaît en l'autre en tant que grand océan, et l'amour naît.

Parfois, une vague se reconnaît elle-même comme le grand océan, et il n'y a plus alors ni soi ni d'autre : tout est perçu comme le grand océan.

Alors, la séparation cesse ; alors la souffrance cesse : chaque vague est perçue depuis le grand océan que nous sommes, pas depuis la petite vague passante.

Et chaque vague est merveilleusement à sa place ;
et toutes chantent, en passant,
la non-peur, l'amour, la joie pure du grand océan.



A Divine Love Affair



vendredi 14 septembre 2012

Musique au bord du Silence


Il y a des musiques qui semblent pointer directement vers l'Eveil.

Non qu'elles soient plus "spirituelles" ou "profondes" que d'autres, elles ne le seront jamais plus que le miaulement d'un chat, le chant d'un oiseau ou celui d'un marteau-piqueur... ;)

Mais elles naissent d'un sentiment d'ouverture puissant, qu'elles semblent pouvoir transmettre à l'auditeur.

Ces musiques au bord du Silence peuvent être calmes ou très enlevées, mais toutes chantent cette "lumière libre de la personne" dont parlait si bien Jean Klein.

Dans un flux régulier d'énergie rayonnante, elles nous parlent de la Source sans carotte pour le mental, sans confusion possible pour l'intellect. En d'autres termes, elles commencent là où les mots deviennent impuissants.

C'est dans cette direction que Philip Glass (cf. Echorus un peu plus bas), Arvo Pärt, Wim Mertens, Johann Johannsson ou Max Richter oeuvrent à leur façon, pour ne citer qu'eux.
C'est dans cette direction que je tente également de pointer.

Pour ce tout récent projet, la vénérable Deutsche Grammophon a proposé à quatre musiciens contemporains de revisiter à leur façon d'incontournables classiques. Un certain Max Richter a hérité de quatre indissociables concertos d'un certain Vivaldi.

Bien sûr, Vivaldi restera toujours Vivaldi... mais d'une certaine façon, j'avais toujours rêvé de les entendre AINSI. La fusion des deux langages est particulièrement délicate et fructueuse... transcendante.

A écouter aussi en parallèle : le sublime deuxième concerto pour violon de Glass, qui ne revisite pas Vivaldi mais reste construit autour des quatre saisons...




lundi 10 septembre 2012

L'Incendie d'Amour


Il n'y a jamais rien eu à ôter ou ajouter à cet instant pour que celui-ci soit parfait et complet.

L'univers entier est une trace de toi. Un écho de ta Beauté, depuis toujours et pour l'éternité.

La liberté qui sourd de tes yeux, la flamme qui y danse n'a d'autres limites que celles que tu lui accordes.

Laisse simplement la Vie te brûler ; laisse ce qui est consumer entièrement ce qui n'est pas, la résistance à ce qui est. 

Laisse ce feu dévoiler ton absolue liberté.