mercredi 30 mai 2012
mardi 29 mai 2012
Rodolphe Massé - Autour du Soi
[Deux transcriptions orales autour du Soi.]
Il
n'est rien de moins spécial que le Soi.
Il
y a le Soi et le moi psychologique. Mais le Soi n'a rien de spécial.
Il n'y a rien de moins spécial que le Soi. Le moi psychologique est
beaucoup plus spécial que le Soi.
Le
moi psychologique est cette fausse continuité à laquelle nous nous
identifions : le corps pourtant constamment changeant, l'ego en
tant que cristallisation d'une croyance en cette fausse continuité
de pensées, de sensations, d'émotions qui traversent le champ de la
conscience, qui apparaissent, qui surgissent spontanément, cette
fausse continuité perçue comme une entité autonome et séparée du reste
de la réalité.
Et
qu'est-ce que le Soi, alors, face à ce moi psychologique, face à ce
moi possesseur auquel nous nous identifions faussement ?
Qu'est-ce que le Soi ? C'est simplement le fait d'être, le fait
d'exister.
Le
fait d'être, le fait d'exister est antérieur à toute pensée, à
toute sensation, à toute émotion. Le fait d'être, le Soi est
antérieur à la pensée « Je Suis ». La pensée « Je
Suis » n'est que le reflet du Soi. Alors il n'y a rien de
compliqué à réaliser le Soi, parce que le Soi, le fait d'être est
la seule chose qui ne peut nous être ôtée, et la seule chose qui
soit permanente et déjà réalisée.
Le
fait d'être, le fait d'exister, EST la Réalisation. Il s'agit simplement de rester
conscient de son propre Soi, de s'établir sciemment dans le Soi. Et toute autre
question coule à pic, disparaît. « Restez conscient de votre
propre Soi et vous connaîtrez tout le reste. » (R. Maharshi)
« Souviens-toi
de t'oublier », signifie souviens-toi d'oublier le moi
psychologique. Et souviens-toi du Soi. Souviens-toi du simple fait
d'exister. Ce simple fait d'exister peut être comparé - mais ce ne
sont toujours que des images - à l'écran sur lequel apparaît
chaque phénomène, n'importe quel film de pensées, de sensations,
d'émotions, ou bien à la profondeur de l'océan dans lequel chaque
vague qui apparaît en surface, parfois très agitée, se résorbe
sans perdre jamais une seule goutte de son eau. Ou peut encore être
comparé au ciel toujours limpide, quels que soient les nuages qui
apparaissent et semblent le voiler.
Le
problème n'est jamais les nuages. Le problème n'est jamais les
vagues qui agitent la surface. Le problème n'est jamais l'incendie
sur le film, ou la mauvaise qualité du film qui apparaît sur
l'écran. Le problème est de s'y identifier.
S'il
n'y a pas identification aux nuages qui apparaissent dans le ciel,
aux vagues qui agitent la surface, ou au navet qui se déroule
actuellement sur l'écran alors qu'on aurait préféré voir un
chef-d'oeuvre comme la semaine dernière, s'il n'y a pas
identification à ces phénomènes, si on reste établi sciemment
dans le Soi, si on se souvient, jusqu'à ce que se souvenir
devienne automatique, aussi automatique que l'identification au moi
psychologique, à l'ego, au corps, aux pensées, aux sensations, aux
émotions était devenue automatique depuis le stade du miroir... eh bien, c'est
terminé ! C'est aussi simple que ça.
Et
il n'y a rien à forcer dans ce domaine parce que tant que
l'identification aux phénomènes, au corps, au monde tel qu'il nous
apparaît, au monde du rêve, en fait, à l'illusion du monde, de
l'ego, de la séparation... tant que cette illusion demeure, c'est
qu'elle a un pouvoir sur nous auquel nous consentons, au fond, auquel
le Soi consent lui-même, consent absolument. Puisqu'il n'y a rien à
quoi le Soi ne consente pas, aussi scandaleux que cela puisse
paraître dans certains cas.
Mais
ça ne paraît scandaleux qu'en isolant un motif, un élément de la
tapisserie globale. Pris isolément, un phénomène peut apparaître
tout à fait scandaleux. Normal, le sens général de la trame est
perdu. Mais il n'est même pas à rechercher, ce sens ! Il suffit
simplement de rester dans le Soi.
*
Ainsi
tu ne trouveras jamais de Paix véritable dans les pensées, tu ne
trouveras jamais de Paix véritable dans les émotions, et tu ne
trouveras jamais de Paix véritable dans les sensations.
Or
tout ce que tu cherches, ta quête effrénée des objets de ton désir
est là pour susciter au sein de ta conscience certains types
d'émotions, certains types de sensations ou de pensées joyeuses,
heureuses, comblantes, dont tu connais pourtant l'inévitable vanité,
l'inanité, l'impermanence.
Tu
ne peux trouver de Paix véritable dans les émotions, les pensées,
les sensations, parce que la Paix véritable, c'est ce qu'en essence,
tu es déjà. Qu'est-ce que ça veut dire ?
Ça
veut dire qu'antérieurement au moi, qui n'est qu'une discontinuité
constituée de tes pensées, émotions, sensations, une à la fois,
cette discontinuité qui a les apparences d'une continuité, que tu
perçois à certains moments comme une entité - je dis à certains
moments parce qu'à d'autres tu n'y penses pas - , antérieurement à
ce moi discontinu, il y a le Soi. Ce que tu es en réalité, le Soi,
est antérieur à cette discontinuité.
Et
qu'est-ce que le Soi ? Le simple fait d'exister. Le simple fait
d'être, mais sans attributs, sans être unetelle ou untel, juste
être, ce simple fait EST le Royaume des Cieux, le lieu de ton bonheur, le lieu de la
félicité, d'une Joie, d'une Paix toujours présente.
Il
n'y a qu'au Soi, à condition de ne pas en faire un nouvel objet, une
nouvelle idole, il n'y a qu'au simple fait d'exister, il n'y a qu'au
Soi que tu puisses te raccrocher, parce que c'est ton bonheur, non
pas relatif mais absolu ; c'est ton bonheur, non pas éphémère,
mais permanent ; c'est ton bonheur, non pas dépendant de
conditions extérieures, mais totalement indépendant et sans objet.
Juste ce que tu es, réellement. Sous les masques et les voiles de la personne. Lumière libre de la personne.
Juste ce que tu es, réellement. Sous les masques et les voiles de la personne. Lumière libre de la personne.
29.05.12
mercredi 16 mai 2012
Jean Klein
Une
vague qui retourne à l'Océan ne perd pas une goutte de son eau.
Jean Klein
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