Daniel Morin m’a fait parvenir il y a quelques jours son dernier livre, tout juste paru chez Accarias l’Originel. Certains d’entre vous le savent, Daniel était en quelque sorte le « bras droit » d’Arnaud Desjardins à Hauteville. Ancien ouvrier dans la métallurgie, son regard perçant, son verbe franc, incisif, sans détour et sa grande bienveillance ont marqué tous ceux qui ont croisé son chemin. Pour ma part, je considère avoir été l'élève de Daniel autant que celui d’Arnaud et lui voue la même pleine et entière gratitude.
Aujourd’hui, si je devais ne garder qu'un seul livre de ma bibliothèque spirituelle, patiemment constituée depuis l'adolescence, ce troisième ouvrage de Daniel, annoncé comme le dernier, me conviendrait parfaitement. Depuis son premier livre pour Jean-Louis Accarias (éditeur de mon petit Livre du Silence et surtout de tant de classiques de la spiritualité), Daniel n’a cessé d'élaguer l’arbre de sa parole jusqu'au plus près de ce que les mots peuvent tenter de pointer, à zéro centimètre de tout, à moins d’un cheveu du silence.
L'ésotérisme, la quête spirituelle, s’avère être la plupart du temps un chemin très long et très détourné pour parvenir à ce qui est déjà là, une façon de composer avec nos plus fines stratégies d'évitement et d’emprunter parfois les voies du symbole et du rêve pour éclairer le réel, l’instant, sous un jour totalement insoupçonné du conditionnement ordinaire, du moi fantôme et de ses fantasmagories. Car « Rien n’est au-dessus du fait d’être soi-même, c’est-à-dire d’être un avec. »
Daniel prend ses petits lapins de lecteurs par la peau du cou et les reconduit patiemment mais fermement à ce qui est, face à la plus évidente et souvent cuisante question : « Où est le problème ? » La conviction, essentielle, que « la connaissance humaine est toujours dans l'ombre de son ignorance » illumine tout l'ouvrage. Je ne saurais trop recommander ces 150 pages qui incarnent au mieux le bel aphorisme de René Char : « La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil. »