mercredi 15 août 2012

Comme un bouchon de liège...




Il s'agit, dit-on sans doute avec raison, de se centrer, de s'ancrer pour se pacifier. De déplacer peu à peu le centre de gravité de la conscience, de la surface à la profondeur, de la vague à l'océan, du film à l'écran, de l'ego à l'absence de moi, à l'Etre.

C'est bien beau, ça ! Mais longtemps, tu auras l'impression d'être comme un bouchon de liège. Et de remonter à la surface d'un seul coup, aussitôt calé dans la profondeur.

Les ancres seront d'abord inexistantes. Puis elles ne résisteront pas. Puis elles résisteront mieux...
Enfin, tu n'en pourras plus de lutter et lutter encore pour rester dans la profondeur !

Alors, en renonçant, totalement vidé, épuisé, exsangue, tu verras que tu n'as plus besoin d'ancre... Et pire ! Tu réaliseras, consterné d'émerveillement, que tu n'avais jamais eu besoin d'ancre !

S'ancrer, se centrer n'était nécessaire que tant que tu croyais à l'histoire, à l'existence de la surface et à celle de la profondeur. A l'existence, à l'histoire d'un personnage à centrer, à ancrer.

Mais il n'y a qu'une profondeur sans surface. Ou une surface sans profondeur.

La souffrance apparente est le leurre avec lequel tu te pêches toi-même dans le rêve de la surface.
Le leurre, c'est de vouloir la profondeur sans quitter la surface, sans renoncer à la souffrance. Ça ne marche pas terrible.

Pourtant, dans tous les cas, tu ne peux jamais quitter ce que tu es. Quand l'ego est vu pour ce qu'il est, une simple pensée « moi », il disparaît. Seul un fantôme tentait de quitter la surface et de s'ancrer en profondeur. Seul un fantôme croyait être en liège et souffrait en surface, et se débattait de toutes ses forces pour ne pas se noyer, pour ne pas atteindre les profondeurs.

Tu es la profondeur que tu n'avais jamais pu quitter autrement qu'en rêve.

Tu ne peux pas ne pas être ce que tu es. Ce que tu es vraiment, tu ne peux simplement pas ne pas l'être. Et c'est parfait. C'est aussi simple que ça, et de tout temps complet.
Rien à obtenir, rien à ajouter, juste à perdre l'idée que tu puisses être autrement, plus tard, ailleurs. Voilà pourquoi la voie directe est quasiment toujours une voie progressive. Et pourquoi la voie progressive est toujours une voie directe.

Celui qui quitte la caverne pour la lumière, celui qui renonce à la surface, à la tourmente, à l'obscurité, s'aperçoit qu'il n'avait jamais quitté la lumière, la paix des profondeurs.

Et qu'il n'y avait jamais rien eu à craindre, parce que le temps n'a jamais existé qu'au sein du rêve.
Ce temps irréel est un temps pour toi nécessaire, exactement nécessaire, au grain de sable près. Un temps sur mesure, le temps de l'expérience du rêve.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire